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Paris

Lieux emblématiques de Mai 68

C’était il y a 50 ans. Un mois de révolte étudiante et citoyenne qui a chamboulé la France paternaliste de De Gaulle, avec pour cibles l’autorité répressive et le consumérisme massif. En ces temps de commémoration, voici six lieux parisiens qui ont fait mai 68.

L’Université Paris-Nanterre

C’est à Paris X que cette vague de contestation politique et socioculturelle a débuté. Le 22 mars précisément, avec la naissance du Mouvement du 22 mars, groupe de protestation emmené par Daniel Cohn-Bendit, alors étudiant en sociologie. Le 2 mai 1968, craignant de trop fortes tensions entre le mouvement anarcho-gauchiste et l’organisation d’extrême droite Occident, le recteur ferme la faculté de Nanterre. Il déclenche ainsi une confusion qui sera l’étincelle des « événements« . Ayant accueilli élèves de renom (Dominique de Villepin, Emmanuel Macron), artistes (Jean-Luc Godard pour le tournage de La Chinoise) et professeurs brillants (Jean Baudrillard, Emmanuel Levinas, Paul Ricœur), Paris-Nanterre reste l’un des plus prestigieux centres d’enseignement français. Une journée d’échanges animée par les étudiants aura lieu à Paris X le 22 mars prochain pour revenir sur ces historiques prémices.

L’Université de la Sorbonne

C’est dans la cour de la Sorbonne, où se rassemblent trois-cent étudiants, que sont envoyés les premiers pavés. Dans le grand amphithéâtre ont lieu les assemblées générales, tandis que dehors la jeunesse résiste aux forces de l’ordre. Le meeting de protestation de la Sorbonne et la répression policière qui s’ensuit dirige la révolte jusqu’aux rues du quartier Latin. Il faudra attendre le 12 mai pour que le premier ministre George Pompidou rouvre la Sorbonne. L’exposition Icônes de Mai 68, Les images ont une histoire, à découvrir à partir du 17 avril prochain à la BnF, reviendra sur les instants les plus graphiques de ces prémices de révolte.

Le quartier Latin

Le 10 mai, l’occupation du quartier iconique de la rive gauche par les étudiants – qui le dépavent – entraîne un assaut policier rude, provoquant des centaines de blessés et 600 arrestations. Le quartier Latin est le centre névralgique de mai 68. Celui des émeutes nocturnes, là où tressaillent et s’alignent barricades, gaz lacrymogènes et cocktails Molotov. Cette lutte à coups de pavés et de matraques aboutit à une grève générale. D’étudiant, mai 68 se généralise. Réapproprié, le quartier Latin démontre que la culture ne peut s’envisager sans contestation. Une idée au cœur des nombreuses expositions, performances, projections et autres ateliers-débats qui auront lieu au Centre Pompidou à partir du 28 avril prochain, réunies en un événement au nom malicieux : Mai 68, Assemblée générale.

Rue Gay-Lussac

Dès le 4 mai prochain, le graffeur Escif investira le Palais de Tokyo afin de reproduire les slogans cinglants, tags et écritures clandestines qui ont fait la culture mai 68. Et cela, dans le cadre de son projet Open Borders. Pour raviver cet esprit de rue, rien ne vaut une balade aux abords de l’hausmanienne Gay-Lussac. Là où eurent lieu, durant la « nuit des barricades« , certains des plus terribles affrontements entre étudiants et « CRS, SS« . Cette rue où vécurent George Sand, Pablo Picasso et Paul Valéry fut rebaptisée « la rue du 11 mai« , en référence à cette soirée de violences policières dont elle fut le théâtre, entre vitrines cassées et voitures en flammes.

Place Edmond Rostand

« Sous les pavés, la plage« . C’est sur cette place du sixième arrondissement qu’est né ce slogan aussi fort que « De Gaulle, assassin » (scandé tout le long du quartier Latin). C’est également ici que le reporter Jean-Pierre Rey shoote La Marianne de Mai 68 . Ce cliché impressionnant met en scène une jeune femme brandissant le drapeau du Front national de libération du Sud Viêt Nam. Cet engagement contre la guerre du Vietnam, l’une des indignations à l’origine du mouvement qui paralyse alors l’Hexagone, éclate à deux pas des Jardins du Luxembourg. Cette Marianne revisitée sera publiée dans le magazine Life du 24 mai 1968, preuve de son retentissement par-delà les barricades. De cette place partira François Mitterrand lors de sa solennelle « traversée » d’investiture le 21 mai 1981.

Le Théâtre de l’Odéon

Le 15 mai, un millier d’étudiants en colère investit le théâtre rouge et or de l’Odéon. Là où ont été mis en scène Marguerite Duras, Samuel Beckett et Eugène Ionesco. Alors dirigé par Jean-Louis Barrault, qui perdra sa place suite à cette invasion inattendue, le lieu devient l’agora des révoltés de l’action culturelle. Un espace de débats politiques où l’on refait le monde entre deux esclandres. Sur les planches, on clame : « il est interdit d’interdire« . Durant ces meetings libres, le milieu ouvrier se mêle à la jeunesse militante dans un décor de velours. Cette liberté se retrouve dans le cinéma de Chris Marker, artiste essentiel de mai 68, mis à l’honneur à la Cinémathèque dans le cadre d’une exposition qui aura lieu dès le 3 mai.

5 expositions pour (re)découvrir les événements de Mai 68

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