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Paris

Les Parisiens ont-ils un accent ?

On le dit « pointu », précieux ou tout simplement inexistant. L’accent parisien semble avoir des contours plutôt flous. Mais qu’en disent les spécialistes ? Notre enquête dans le monde des linguistes va remettre les pendules à l’heure !

Le français de Paris serait le français de référence

© JOHN TOWNER on Unsplash

Non, les Parisiens n’ont pas d’accent car le français parlé à Paris est le français de référence. Voilà la conclusion que l’on pourrait tirer précipitamment. Si les habitants d’autres régions de France subissent l’influence de patois locaux ou de langues frontalières, la situation dans la capitale est bien différente : « dans le bassin parisien, c’est un état de langue qui n’a jamais été très affecté par les influences », explique à ce sujet le linguiste Mathieu Avanzi. « A Lille par exemple, beaucoup de gens parlaient le Picard il y a 50 ans et à Marseille, le provençal ou l’occitan. Ces dialectes ont laissé des traces sur le français régional. Mais on ne retrouve pas cela à Paris car les dialectes que l’on y trouvait il y a 100 ou 200 ans ont donné le français de référence… »

A Paris, il existe des accents sociaux

©Joshua Reddekopp

Si le français parisien est aujourd’hui la norme, c’est d’abord parce qu’il est le langage de la capitale, la ville la plus importante du pays. Mais aussi car y sont centralisés les plus importants médias, des chaînes de télévision, des radios qui émettent partout en France et à l’étranger. Pourtant, à y regarder de plus près, il semblerait que les Parisiens n’aient pas tous la même façon de parler que les présentateurs de journaux télévisés…

Malgré une « tendance à la neutralisation, il reste quand même des différences », affirme en effet Mathieu Avanzi. « On va surtout trouver des accents sociaux. Les accents du 9.3 qu’on va mettre sur le compte des influences de l’arabe et d’autres pays d’Afrique ou encore de la Turquie, ce qui est d’ailleurs assez contesté. Mais aussi un accent de la bourgeoisie, de l’aristocratie. C’est celui par exemple des profs de fac. A la Sorbonne, on entend certains profs de lettres qui parlent de façon très articulée ! »

L’accent du titi parisien aujourd’hui presque disparu

©Bram Naus on Unsplahs

Il y a quelques décennies, un autre accent social était encore plus répandu : celui du titi parisien, « un accent populaire des faubourgs qui s’opposait à l’accent plus bourgeois » selon Mathieu Avanzi, également auteur du blog françaisdenosrégions. Ses caractéristiques ? Les « r » roulés à la Edith Piaf, mais aussi quelques subtilités, autour des « a » et des « in ». « il y avait deux « a » : le â de pâte et le a normal » détaille pour nous le linguiste. Et « dans les années 40/50, il y avait aussi une opposition entre le « in » de brin et brun ». Ces distinctions ont aujourd’hui presque disparu, probablement par absence de réelle nécessité. A l’exception peut-être de celle entre « lait et « lé » qui semble se maintenir…

« Bonjour han, ça va han ? »

© rawpixel on Unsplash

Mais la langue étant en perpétuel mouvement, d’autres accents semblent apparaître au fil du temps. « Aujourd’hui, on observe certaines personnes qui rajoutent des sons « e » à la fin des mots, même quand il n’y a pas de « e » : comme dans « tu vois euh ». On fait l’hypothèse que c’est à Paris que cet accent est né, c’est un accent un peu populaire », explique Mathieu Avanzi qui n’est pas le seul à relever cette petite particularité, souvent moquée.

En 2022, un épisode de la série « Depuis quand ? » diffusée sur Canal + s’intéressait au « han » placé à la fin des mots, un dérivé du « e ». Un son baptisé « e prépausal », pour sa tendance à être prononcé avant une pause dans la phrase. L’occasion de faire la connaissance d’Anita Berit Hansen, professeur de linguistique danoise qui a étudié le phénomène. Selon cette spécialiste, le« han » existe au moins depuis 1972, date des premières attestations enregistrées. Quant à son origine, personne ne semble la connaître… « Un jour, il y a probablement quelqu’un de cool qui l’a fait, parce qu’il trouvait ça cool, d’autres l’ont imité et c’est devenu une mode ». Une théorie qui pourrait d’ailleurs s’appliquer à beaucoup de petites évolutions de langage…

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