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Paris

Tendances : notre best-of des lieux aux noms régressifs

© Ronan Le May

Le chanteur Carlos avait tout bon. Enregistrée en 1977, la chanson “Big Bisou” – composée par Joe Dassin – se place numéro 1 des charts. Le titre traverse les générations et entre au panthéon des chansons françaises – régressives de surcroît. Juste avant l’été, Nicolas Munoz, heureux propriétaire du bar à cocktails Bespoke dans le 20e, ouvrait son second bar Bisou, non pas en hommage à Carlos mais pour s’amuser. « Paris a vu défiler les bars speakeasy depuis des années, explique le patron, notre idée avec le bar Bisou était d’amener désormais plus de fun, et décoincer le milieu parfois trop sérieux. » Situé boulevard du Temple, le micro-bar avec terrasse chauffée l’hiver, rameute tous les soirs autour d’un grand comptoir de marbre et des toilettes à flamands roses hypra instagrammables.

Originalité de la maison : l’absence de carte et des cocktails préparés selon l’humeur ou les 3 mots magiques choisis par le client. Ajoutées, une playlist décalée – allant du rap U.S aux chanteurs français 80 – et la bonne humeur de l’équipée. Bisou sent la drague et les débuts de soirées relaxées. À peu près au même moment – à la fin août – ouvrait Bisou la crêperie. « Un nom volontairement régressif, explique Louise, manageuse des lieux, choisi parmi une cinquantaine de possibilités, qui sonne bien, un mot français facile à retenir pour les Parisiens comme pour la clientèle internationale. » Logée au 62, Passage des Panoramas (2è), la crêperie Bisou affiche son néon à la gloire du Bisou (elle devrait dans quelques semaines installer une version rose au sous-sol avec affiches coquines pour illustrer) et décline le mot en broderies sur tee-shirts portés par quelques serveurs canons. Au menu de ce Bisou, des crêpes pensées dans des recettes à la mode – tiens une version Crazy Avocat, tiens l’Avé Caesar (la meilleure) – et servies généreuses.

Bar Bisou : 15, boulevard du Temple, 3è
Crêperie Bisou : 62-64 passage des Panoramas, 2è

Zouzou

© Luc Chalifour

Dans un registre similaire, « Zouzou » s’affiche désormais sur la façade d’un nouveau coffee-shop du quartier Montorgueil, planqué du brouhaha dans la jolie rue pavée Leopold Bellan, et ouvert début septembre par Sophie Lambert. Face à un jardin partagé « Le Jardin de Bonne », dont on admire les fresques, Zouzou sert au petit-déjeuner jusqu’au goûter dans un décor de bistrot aux influences cinquante parfaitement dressé pour rester. « J’avais envie d’un nom qui inspire de la légèreté, un espace à l’atmosphère easy-going et l’idée d’un lieu sans façons, explique la fondatrice, Zouzou apporte cet esprit-là, avec une connotation rétro et parigotte qui sonne bien nourrie par quelques références, le film Zouzou avec Joséphine Baker en exemple ».

L’allure scandinave, les déclinaisons de jaune bien pensées, ce coffee-shop ne copiant sur personne sert à peu près ce qu’il y a de mieux au petit-déjeuner – demander les pancakes ricotta aux fruits du moment, et surtout le banana bread toasté avec une noix de beurre – jus de fruits frais excellents pour accompagner. La maison sert aussi une série de petits plats au déjeuner, recettes bio en majorité, parfois végétariennes, souvent vegan, parfois sans gluten (les muffins à la nectarine en ce moment) et n’excluant pas la viande.

Zouzou : 8, rue Leopold Bellan, 2e.

Biiim, BAM, Boum-Boum

© Claire-Lise Havet

Autre astuce pour créer de la désirabilité, l’usage de l’onomatopée. Meilleur exemple avec Biiim, fast-good du quai de la Loire collé au MK2 ouvert l’année dernière et dont le menu drôle et régressif fait rameuter les cinéphiles (et les fans de sport aussi, la maison diffusant les grands matchs) avant ou après la séance. Dans un cadre industriel, Biiim aligne les burgers de stars, le Biiim Kardashian – une version charolaise (on appréciera la comparaison), bacon et cheddar maturé – ou le Biiim Murray et sa sauce relish – remportant les suffrages, le hot-dog Biiim Clinton, sa saucisse de Francfort et sa salade gourmande, mieux encore le Boule et Biiim (saucisse volaille/veau, pistou de basilic et poivrons) faisant varier l’offre.

Dans un style proche, BAM, le nom du bar à karaoké lancé rue Richer il y a trois ans, et qui vient d’ouvrir une nouvelle adresse avenue Parmentier dans le 11è, avait lui aussi envie d’être impactant, explique Arnaud Studer, le fondateur. « Les initiales du nom renvoient en plus aux initiales de Boîte à Musique, ce que l’on fait exactement avec nos salles de karaoké », explique-t-il.

Manquait enfin Boum, chose faite avec l’ouverture il y a quelques jours d’un nouveau bar et club du 8è, le Boum-Boum (ancien Heritage Paris), écrin néo-70’s lancé par Alexander Ghislain (restaurant Ginger) promettant d’être le « terrain de jeu idéal des enfants gâtés et de la fashionsphere » avec écrans géants, rafales de confettis et explosions de fumée » pour faire la fête.

Biiim : 5-21, quai de la Loire, 19e

BAM Karaoké Box : 50, rue d’Aboukir, 2è, 30, rue Richer, 9è , et 40, avenue de Parmentier, 11è,
www.bam-karaokebox.com

Boum-Boum : 37, avenue de Friedland, 8è

Chez Prout

© Chez Prout

Le risque était gros. Monté à la place du club Bleu de la rue Muller, en perdition depuis des mois, le restaurant d’Alexandre (le fondateur des restos Fils à papa, Les Athlètes…), Margaux et Antoine (aussi restaurateurs et potes) affiche depuis le début de l’été un nom qui fait jaser. « On en avait un peu marre des noms de restaurants utilisant les prénoms à tire-larigot – chez Auguste, Clémentine, Joséphine et tutti quanti, racontent-ils, l’idée a traversé l’esprit de Margaux et nous nous sommes lancés ». Un risque si grand au final selon eux, « la cuisine tournait, les critiques ou les commentaires nous ont fait finalement une grosse pub et nous sommes complets quasi tous les soirs ».

Gardant de l’ancien club un comptoir en miroir noir, l’équipée recrée son décor – plafond couvert d’ampoules, bancs en béton blanc et touche ethnique avec coussins africains – et sort une cuisine de bons petits plats. Pas de flageolets ni de choux à la carte – ça ferait trop -, mais un poulpe alléchant cuisiné à la manière d’un ceviche, quelques salades généreuses et un confit de veau sorti des fagots, délicieux au cromesquis de polenta au piment d’Espelette. Plus chic que populo, Chez Prout s’en sort à bon compte. Au diable les âmes sensibles, on attend le prochain numéro. Dans nos rêves : Zizi, cocu, coco ? Les paris sont lancés !

Chez Prout : 14, rue  Muller, 18è.

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